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La méditation, comme ça marche ?
Jean-Philippe Cottier, neuroradiologue,
Les Jeudis de la Santé – 03/2021

Conférence de la série « Les jeudis de la santé » organisée par la ville de Tours et dirigée par le professeur Jean-Philippe Cottier, neuroradiologue de l’hôpital de Tours qui présente la méditation de pleine-conscience (mindfulness) en milieu laïque.

La vidéo est initialement disponible sur la chaine YouTube de la ville, mais la qualité audio était perfectible… La vidéo ci-dessous est quant à elle sans bourdonnement.

Au sommaire…

  • Introduction
  • Le cerveau : une extraordinaire machine
  • Qu’est-ce que la méditation de pleine-conscience
  • Qu’en disent les neurosciences
  • Les limites de la méditation de pleine-conscience
  • Relations avec l’hypnose
  • Conclusion
  • Questions / Réponses

Introduction

Cette conférence est donnée dans le cadre de la série « Les jeudis de la santé » organisée par la ville de Tours. Elle est dirigée par le professeur Jean-Philippe Cottier, néroradiologue de l’hôpital de Tours qui présente la méditation de pleine-conscience (mindfulness) appliquée au domaine de la santé.

Le cerveau : une extraordinaire machine

Le cerveau est un organe d’une extrême complexité et d’une prodigieuse capacité à traiter l’information : 1,3 Kg, 1100 millards de cellules, 100 milliards de neurones (composé de substances « blanches » et de substances « grises »). Il pèse seulement 2% du poids du corps, mais représente 15% du débit cardiaque, 20% de la consommation d’oxygène et 25% du glucose corporel.

Pensées, émotions, sensations sont traitées de façon essentiellement inconsciente par le cerveau.

L’activité mentale renforcée et répétée permet de construire de véritables autoroutes de l’information à l’intérieur du cerveau.

Des courants de pensées ne cessent de surgir, ce que l’on appelle de « mode par défaut », entretenus par nos sensations, émotions, nos souvenirs et notre imagination. La production spontanée de pensées est un phénomène naturel.

Le cortex pré-frontal est le dernier arrivant dans l’évolution. C’est le systèmème dit « exécutif » ou « cognitif » (connaissance) : il fixe des objectifs, élabore des projets, dirige l’action, mémorise le travail, façonne les émotions (en guidant le système limbique profond (émotions et motivation) via le cortex cingalaise antérieur (qui stabilise l’attention et contribue à intégrer les pensées et sentiments) . L’insula perçoit quant à elle l’état interne du corps (intéroception) et contribue à l’empathie.

Il doit exister une harmonie entre le cortex pré-frontal (système cognitif) et les autres zones du cerveaux plus primaires (systèmes émotionnels).

Le « mode par défaut » est l’un des huit schémas comportementaux du cerveau. C’est le mode prépondérant lorsque le cerveau n’est pas utilisé à une tâche en particulier, celui où des pensées (relatives au vécu (passé) ou à un imaginaire (souvent futur)) surgissent sans réel contrôle, de façon inconsciente.

Une étude, parue sur Killingsworth Science en 2010, avait montré qu’un esprit n’est pas fondamentalement heureux lorsqu’il est dans ce mode de fonctionnement qui favorise la présence de ruminations.

Ce ne sont pas les événements qui perturbent les hommes, mais l’idée qu’ils se font de ces événements.

Manuel d’Epictecte

L’esprit est soumis aux distorsions cognitivesbiais de négativité -. La perception du monde est déformée, et les événements négatifs sont prépondérant sur les événements positifs (avec un rapport de 1 pour 3). Parmi ces biais de « nativité, on retrouve le « biais de confirmation » (on recherche et retient ce qui confirme nos croyances) , le « biais d’ancrage » (on se repose plus sur les premières informations rencontrées), l’effet « Happy ending » (on se rappelle généralement de la fin heureuse d’une mésaventure).

Qu’est-ce que la méditation de pleine-conscience

Les données et études sur le domaine de la pleine conscience croissent de façon exponentielle :

  • 2000 : 124 études,
  • 2010 : 515
  • 2020 : 2693 (10 fois plus que pour l’hypnose par exemple)

Bénéfices de la méditation :

  • Stabilité attentionnelle
  • Régulation des émotions et des impulsions
  • Régulation des cognitions et des ruminations
  • Conscience du corps
  • Impacts favorables sur la santé : système neuroendocrine, système immunitaire, vieillissement

Qu’en disent les neurosciences

Mesures de la méditation…

  • Le système par défaut (du fonctionnement du cerveau) est plus canalisé, moins « vagabondant »
  • Modifications / implications de zones cérébrales : cortex préfrontal (fonction exécutives), Insula antérieur (sensibilité interne), cortex cingalaise antérieur (régulation des émotions)
  • Chez les grands méditants, le cortex pré-frontal s’epaissit

Effets de la méditation…

  • Gestion du stress (Investissement à reconnaître son stress et à lutter contre), de l’anxiété chronique et des ruminations, de l’insomnie
  • Prévention des rechutes dépressives, prévention des burn-outs.
  • Gestion de l’impulsivité (colère, boulimie)
  • Amélioration de l’attention
  • Amélioration du bien-être subjectif
  • Atténuation des douleurs chroniques
  • Amélioration des fonctions cardiaques, régulation de la tension artérielle,
  • Meilleur système immunitaire (ralenti l’épuisement des télomères – extrémité des chromosomes)
  • Meilleures concentration et mémoire

Les limites de la méditation de pleine-conscience

Pratiquer l’attention consciente n’est ni difficile ni complexe :
penser à le faire, voilà le vrai défi.

Christina Feldman

Les inconvénients ou limites de la méditation de pleine conscience…

  • Ce n’est pas « la panacée » (ce n’est pas un « produit miracle »)
  • N’est efficace qu’à la condition d’une pratique régulière (20 minutes par jours au minimum idéalement)
  • Des effets secondaires ont été notés dans des contextes particuliers (intenses, sur plusieurs jours, avec des sujets ayant des antécédents psychiatriques)
  • Nécessité d’études rigoureuses (comme réalisées ces dernières années)
  • Attention aux auto-proclamé·e·s « Instructeurs de méditation » (domaine lucratif)
  • Attention aux dérives sectaires

Relations avec l’hypnose

  • Points communs :
    On fait appel aux ressources du sujet (médecine à la première personne).
    Le sujet se construit sur son propre fond d’expérience et de compétences
  • Points de difference :
    L’état de conscience est modifié avec l’hypnose, pas avec la méditation
  • Possibilité d’une perspective intégrative entre la méditation de pleine conscience et l’hypnose.

Conclusion

La méditation en pleine conscience permet d’apprendre à mieux faire face à l’adversité en aidant à affronter les problèmes plus calmement, sans les amplifier ni les minimiser.

Jean-Phillipe Cottier

Questions / Réponses

  • Existe-t-il des analyses comparant les techniques de méditations plus complexes des orientaux par rapport à celles simplifiées des occidentaux ?
  • Quelle est la place de la méditation dans les hôpitaux de Tours ?
  • Difficulté de la méditation sur l’attention au souffle pour les grands fumeurs
  • Mise en pratique progressive de la méditation
  • Application de la méditation aux pathologies mentales
  • Differences entre la sophrologie et la méditation
  • Méditation pour l’aide à l’endormissement (attention au souffle, livres, applications…)
  • Quelle est le meilleur moment pour méditer ?
  • Nouvelles études sur la méditation à venir à l’hôpital de Tours (étude au niveau moléculaire)
  • Sur- ou sous-évaluation de la méditation à l’heure actuelle ? Effet de mode ?
  • Comment méditer lors d’une situation anxiogène comme celle que nous vivons avec la covid-19 ? Quel role peut jouer la méditation dans cette crise et de la vie moderne ?
  • Méditer lorsqu’on est de bonne ou mauvaise humeur ?
  • Réforme en cours des études médicales avec l’intégration de méthodes « corps/esprit » dont la méditation fait partie

Dernière mise à jour 20 avril 2022 – Mise en ligne : le 23 mars 2021
Eric Savalli – Yoga Azur

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