À toutes les étapes, la méditation pleine conscience (MBSR) a fait la preuve de ses effets bénéfiques sur la qualité de vie de personnes confrontées à un cancer. Le Dr Kenza Bouredji est une des rares oncologues en France titulaire du diplôme de médecine et méditation. Elle propose un programme MBSR (gratuit) à tous les patients azuréens.
source : nice-matin – Nancy Cattan 30/01/2023
Son métier : oncologue médical. Une spécialité qui a pour objet l’étude, le diagnostic et le traitement des cancers.
Son leitmotiv : améliorer la qualité de vie de ces personnes qu’elle prend médicalement en charge.
Comment ? Grâce à la méditation pleine conscience, une méthode à laquelle elle a choisi de se former au sein même de l’Université du Massachusetts (USA) où la MBSR (Mindfulness based stress reduction ou réduction du stress basée sur la pleine conscience) a été créée en 1979. Instructeur MBSR, le Dr Kenza Bouredji propose depuis septembre 2020 et sous l’égide du Pr Jean-Marc Ferrero, un programme MBSR aux patients du Centre Antoine Lacassagne (CAL) à Nice. Une première en région Paca.
À qui s’adressent ces séances?
Peuvent en bénéficier toutes les personnes qui traversent – ou ont traversé – l’épreuve d’un cancer, quel qu’il soit: cancer du sein, du côlon, de la thyroïde, lymphomes, leucémie… Mais, dans les faits, ce sont aujourd’hui surtout des femmes atteintes de cancer du sein qui participent au programme. Cela s’explique en partie: les effets de la méditation pleine conscience sur cette maladie ont fait l’objet de centaines d’études scientifiques. Les oncologues américains se sont en particulier intéressés à l’impact de la pleine conscience sur le risque de dépression, connu pour être majeur chez les jeunes mamans atteintes par un cancer du sein.
Outre la dépression, quels sont les autres symptômes visés?
Les troubles du sommeil, la fatigue, les bouffées de chaleur (en cas d’hormonothérapie)… Sur l’ensemble de ces signes, la pleine conscience apparaît dans les études comme l’approche non médicamenteuse la plus efficace.
À quel moment de la maladie cette pratique est-elle recommandée?
À tous les stades de la maladie: pendant la phase aiguë, quand les patients sont encore sous traitement, à l’issue de la prise en charge, voire des mois ou des années plus tard si le besoin est ressenti.
Qui, concrètement, se tourne vers cette pratique depuis que vous l’avez mise en place?
Ce sont essentiellement des femmes, âgées de 50 à 60 ans et touchées par un cancer du sein localisé ou métastatique, à tous les stades de la maladie. Certaines ont été soignées des années plus tôt, mais sont toujours sous hormonothérapie, d’autres sont en cours de chimiothérapie. On aurait pu craindre que ces dernières soient trop épuisées par les traitements pour participer; dans les faits elles décrivent d’importants bénéfices, notamment grâce au soutien du groupe pendant ces séances.
Avez-vous évalué scientifiquement les effets de votre programme?
C’est un travail en cours; les premiers résultats sont néanmoins très prometteurs. Les témoignages (lire ci-dessous) sont extrêmement positifs: les patients décrivent une vraie amélioration de leur qualité de vie après avoir suivi le programme: sommeil plus réparateur, meilleure gestion de la douleur, moins d’appréhension face à des étapes clés et anxiogènes comme les rendez-vous avec l’oncologue ou l’attente des résultats d’un scanner…
C’est magique!
Non, on ne peut pas dire ça. Il ne s’agit pas de supprimer les symptômes, mais de les alléger, en agissant sur ce qui tend à les aggraver. Le meilleur exemple est celui de la douleur. La composante psychique rajoute de la douleur en la dramatisant. Grâce à la MBSR, on cherche à ce que le ressenti désagréable soit atténué et donc que le symptôme soit mieux « vécu ».
Une aide à combattre la maladie en quelque sorte?
Je n’aime pas ce terme « combattre ». Il s’agit plutôt de « faire avec », « d’accepter ». Ce que l’on peut changer, c’est la résilience et la connexion avec les ressources dont on dispose. Notre mental peut parfois nous raconter des scénarios d’horreur (rires).
Alors que l’offre « bien-être » fleurit, notamment à destination des personnes confrontées à une maladie grave, comment expliquez-vous le succès de votre programme?
Lorsqu’une personne fait face à un diagnostic de cancer, elle a souvent envie de tout essayer: magnétiseur, rebouteux… Au risque de tomber parfois entre les mains de charlatans. Je pense que le fait d’être accompagné par un oncologue, qui connaît leur maladie, les traitements rassure et favorise l’adhésion.
Témoignages…
Ce programme m’a beaucoup apporté, raconte Nathalie. J’ai pu retrouver un apaisement intérieur, apprendre à accepter, à comprendre la relation corps/esprit, j’ai une meilleure estime de moi-même, je contrôle mieux mes émotions.
– Nathalie
J’ai résolu un gros problème de crises d’angoisses et de claustrophobie qui durait depuis plus de dix ans et qui était un véritable calvaire pour moi au quotidien et lors de mes soins au centre. Je suis beaucoup plus calme, plus détendue et sereine grâce à la méditation. La méditation a vraiment eu un effet sur mon stress. Je pense que ce programme devrait être proposé dans le cadre du protocole de soins ou du moins pendant les soins ou après pour accompagner les malades qui le souhaiteraient.
Car si je n’avais pas lu par hasard le panneau d’affichage au centre, je n’aurai peut-être pas pu participer à ce programme, et je serai passée à côté d’une expérience riche pour moi
J’avais très peur du style « alcooliques anonymes », avec son grand déballage pour ces séances de groupe, mais cela n’a rien à voir, raconte de son côté Géraldine. Le Dr Bouredji a créé une cohésion dans l’équipe qui permet des échanges à cœur ouvert, au cours desquels nous nous apercevons que nous avons toutes et tous exactement les mêmes problèmes et nous nous soutenons.
– Géraldine
Au départ, j’ai accepté cet essai parce que je tenais à encouragerune méthode qui, pour une fois, ne reposait pas sur les médicaments.
– Carole
Je n’avais jamais réellement pratiqué la méditation, mais Kenza a su nous y plonger en douceur, avec une extrême bienveillance. J’ai fort apprécié sa maîtrise de la pratique et sa gestion du groupe pour que cela ne se transforme pas en réunion de cancéreux anonymes. Ce recentrage systématique sur la pleine conscience a fini par s’ancrer, développer une habitude rassurante et apaisante lorsque nous sommes confrontés à des moments d’angoisse ou de stress quelconque.
Pour ma part, je me suis rendu compte à la fin du programme à quel point je me sentais sereine depuis de nombreuses semaines. Petit à petit, je me suis ouverte à ma maladie, je l’ai vue avec un autre regard plein de curiosité, et cela m’a rendue sereine. Je redoutais le Petscan de contrôle, et maintenant je le vois comme une formalité. »
Dernière mise à jour 6 février 2023 – Mise en ligne : le 6 février 2023
Eric Savalli – Yoga Azur
L’article sur la méditation dans le cadre de l’oncologie est génial. Au centre hospitalier de Grasse, il y a des séances de sophrologie, réflexologie, socio-esthéticien et psychologue pour accompagner les traitements, je trouve que ça aide beaucoup à vivre avec les effets secondaires. Je fais aussi de la Sophrologie et de l’EFT de mon côté pour gérer les effets secondaires au quotidien.
Sinon, j’ai vu qu’il y a le nouveau cours de yoga à Opio le vendredi, est-ce que c’est possible de participer occasionnellement ?
Bonne journée
Alissende
Bonjour Alissende
J’espère que tu vas bien et que ton charmant bébé également.
C’est super pour tes patients qu’ils puissent profité de cela. J’ai mis des sessions de méditation, durant certains cours et aussi des sessions spécifiques comme celles du vendredi soir à 18h30 à plusieurs visées, l’équilibre mental et l’appaisement en priorité.
Oui, tu peux participer aux cours quand tu veux à Opio ou les autres communes, les salles sont assez grandes 🙂
À très bientôt!
Bien à toi,
Eric