A l’heure actuelle, une vraie question se pose pourquoi le Yoga a-t-il, à nouveau, autant de succès dans ce monde en pleine mutation ?
Par Isabelle Morin-Larbey
Faisons un saut de 50 ans en arrière. Alors qu’il est déjà présent et pratiqué dans bien des pays, mais de façon discrète, une mode va le mettre en lumière. Directement réimporté de l’Inde dans les années 60-70, il accompagnait la vague hippie et son aspiration à un monde de paix et d’amour, tandis qu’entre autres, la guerre du Vietnam s’enlisait dans un désastre total. Il venait appuyer le souhait d’une jeunesse en demande, celui de briser des carcans, de se libérer des conventions sociales étouffantes, bref, il était une réponse possible à un moment de crise : passer d’une société et ses codes jugés obsolètes, à l’individu et ses choix personnels.
Les années 2000 ont inauguré un autre temps de crise et de remise en question : La faillite, dans le sens philosophique du terme, des banques, les attentats, la révolution numérique, la préoccupation majeure de l’écologie, la demande permanente d’une adaptation à un monde en acceleration, poussent à trouver un axe, des points d’appui très concrets. En fait, le Yoga en est un. Son intention étant la mise en relation. Son nom même, qui signifie joindre, unir, mettre ensemble, illustre la possibilité de reliance, d’alliance des opposés pour les rendre complémentaires.
Le Yoga est un repère, notamment dans son approche tangible du corps et du souffle. Mais il peut y avoir un écueil s’il n’est pas enseigné dans son essence, celui d’une philosophie millénaire reliant l’être humain à l’univers, et posant comme tout premier principe celui de ne pas nuire, de reconnaitre une altérité, et de se défaire de tout sentiment de toute-puissance .
Un des grands textes qui sous-tend sa pratique s’appelle les Yoga Sutra, texte élaboré autour de -200 / +200 de notre aire.
À nouveau, nous pouvons faire un très bref rappel historique, tout en évoquant ensuite les effets patents de cette discipline, lorsqu’elle est transmise et enseignée par des personnes ayant reçu une formation solide et conséquente, étalée sur plusieurs années…
Le Yoga met en exergue la patience, la persévérance, le discernement, la lenteur, le désencombrement, le non-jugement et la non-compétition.
Isabelle Morin-Larbey
Difficile de dater précisément le Yoga. Il attrait à l’homme et à sa propre histoire dans l’évolution du monde. Né en Inde il y a environ 4000 ans, il est surtout dans son essence le fruit d’une longue exploration empirique, précieuse et minutieuse, de l’homme par l’homme dans sa globalité.
La forme la plus répandue en occident en est le Hatha Yoga, soit l’Union du soleil « Ha » et de la lune « Tha ». Voilà d’emblée son propos exposé, réconcilier et unir ce qui semble aux antipodes. Faisant partie des très rares philosophies qui passent par le corps pour aller à l’esprit, cette discipline met en exergue la patience, la persévérance, le discernement, la lenteur, le désencombrement, le non-jugement et la non-compétition. Toutes ces qualités mises en oeuvre et à l’épreuve, lors de la pratique tant sur le tapis de yoga que dans la vie.
Une évidence se fait : qu’est-ce qui nous permet de vivre, de nous relier à l’univers ? Le corps. C’est lui notre champ d’expérience sensorielle. C’est avec lui, grâce à lui, que nous découvrons et que nous avons accès au monde qui nous entoure. La pratique va consister, en le mettant au centre, à harmoniser le travail de ce corps avec ce qui l’anime, le souffle, et avec ce qui le guide, le mental, afin de réunifier l’être humain que nous sommes. Tout se joue là.
Dernière mise à jour 24 mai 2020 – Mise en ligne : le 24 mai 2020
Eric Savalli – Yoga Azur